Douniala s’est associé à l’association malienne Balani’s pour offrir à la population de Bamako un accès immédiat à la photographie. C’est lors de la sixième édition des Rencontres africaines de la photographie de Bamako que nous avons pu travailler sur l’organisation du « off » du festival, appelé Les Contours.

Il s’agissait de monter une exposition de rue sur les murs du lycée ECICA placé sur le Boulevard du Peuple au centre de Bamako. Le boulevard du Peuple a été rebaptisé « Boulevard Photo » pour l’occasion.

Son axe prend son origine au pont des martyrs (en hommage aux martyrs de la révolution civile de mars 1991 qui débarrassa le Mali du régime dictatorial), jusqu’à l’arborétum au nord de la ville en passant par l’Ambassade de France, l’Institut National des Arts, la maison de l’artisanat le grand marché et l’Assemblée Nationale. Le thème de l’exposition fût lancé : de l’informel à l’institutionnel.

Il fallut d’abord effectué un travail de recherche de toutes les sources ayant pu traiter du sujet depuis de nombreuses années. L’agence malienne de presse nous a fourni des négatifs d’archive témoignant de l’évolution du boulevard à travers le temps ainsi que des scènes de vies publiques, aujourd’hui disparues telles que les jeux de hasards organisés jadis chaque dimanche sur la Place Patrice Lumumba, ou encore des moments marquants de l’histoire de la ville comme l’incendie du grand marché de 1993. Nous avons pu aussi voir des photographies de débats à l’Assemblée nationale montrant des députés jouissants d’une grande popularité dans le pays.

Le photographe indépendant Baba Cissé de l’association Naé Naé a son labo photo à un carrefour clé du boulevard ( le Raïda) et travaille sur les activités du grand marché depuis quinze ans. Il a pu nous fournir des clichés poignants de scènes de la vie quotidienne caractérisant ces ambiances de marchés des capitales africaines. Il a mené sous l’impulsion des Contours un atelier d’initiation à la photographie par la technique du sténopé avec des enfants déscolarisés en formation professionnelle. Seize jeunes, filles et garçons inscrits dans le progamme del’ ONG Mali-enjeu, ont suivi avec passion cet atelier qui leur a permis de voir leur monde d’une autre manière, avec toute la poésie et la patiente qu’implique le sténopé. Leurs photographies ont été exposées dans l’exposition du Boulevard du Peuple.

Les photos de six élèves du Centre de Formation des Photograohes de Bamako ont été sélectionnées pour l’expo. Fatoumata Diabaté, qui a reçu la prix AFAA lors des Rencontres cette année, Harandane Dicko, Adama Bamba, Siaka Traoré, Amidou Touré et Issa Diallo nous ont montré, en tant que jeunesse évoluant  à Bamako, comment ils voyaient les acteurs du grand marché. Les vendeuses de sachets d’eau, les pousseurs de charette, les talibés, les regards entre passants, un gros plan sur des pieds nus d’enfants se suivent, chacun tentant de se faire une place dans cet environnement dense de la rue où l’objectif est de gagné son pain pour la journée.

D’autres photographes indépendants ont mêlé leurs regards. Ouassa Sangaré nous montre ses photographies de la cérémonie du 14 juillet 2005 avec les ministres et les anciens combattants maliens. Emmanuel N’Dao attire notre attention sur différentes corporations de métiers. Abdoulaye Kanté marque un arrêt à la gare de Bamako. Samba Ndaye nous emporte dans la circulation tourbillonnante des sotramas (bus verts) et mobilettes. Marion Brousse s’attarde dans les ateliers de la maison de l’artisanat.

Pour la première fois sur un bâtiment public de la ville, des photos ont été exibées aux habitants. Les passants ont pu, de jour comme de nuit, s’attarder à leur guise sur cette exposition dont toutes les règles de scénographie digne d’une galerie ont été scupuleusement suivies. Comme nous disait le peintre ghanéen Martel s’occupant des marie-louises

et de l’encadrement :  » La plus belle galerie d’art n’est-elle pas la rue ? »

Nous avons pu le vérifier à tous les moments des journées avec les passants hasardeux ou avertis qui ont témoigné de grandes émotions lors de leur visite. Les flots de rires, étonnements et anecdotes qu’entrainent la vision de chaque image seront des instants marqués dans l’histoire de chacun telles de nouvelles photos placées dans les albums  de nos mémoires.

Aux habitants de Médina Coura, du Boulevard du Peuple, à Studio One, à Oumou et sa famille, à tous les intervenants cités et à Igo Diarra de Balani’s bien sûr, merci.

Des projections de films et concerts live ont été programmé chaque soirs sur le site du boulevard du peuple.

Douniala vous tient informé sur les suites des contours, en prévision, itinérance de l’exposition à l’assemblée nationale, l’INA, Paris …